Un rapport critique la lisibilité et l’efficacité du label RGE
Le label RGE doit être conservé mais nécessite d'être réformé de fond en comble pour s'assurer de son efficacité. Voilà en substance les conclusions et les critiques dont fait état un rapport sur le dispositif "Reconnu garant de l'environnement" publié par le CGEDD.

Un bilan plus que contrasté. C’est le constat qui ressort à la lecture du rapport d’évaluation du label RGE établi par le Conseil général de l’environnement et du développement durable (CGEDD), entité rattachée au ministère de la Transition écologique et solidaire.

Après des échanges avec des entreprises artisanales et des acteurs institutionnels, les auteurs considèrent notamment que « compte tenu de l’importance de l’enjeu, le dispositif RGE doit être maintenu mais modifié et renforcé sur plusieurs points pour en améliorer l’efficacité, de telle sorte qu’il devienne le label de référence incontestable en matière de qualité de la rénovation énergétique.« 

Le dispositif « Reconnu garant de l’environnement » ne convainc pas les auteurs du rapport par son efficacité, sa lisibilité et son universalité. Avec 75 000 entreprises labellisées sur les 150 000 à 200 000 entreprises potentielles, le label n’arrive pas à séduire les entreprises individuelles. « Pour Qualibat (un des certificateurs, NDLR), l’essentiel des entreprises que l’organisme a labellisées à ce jour emploie deux salariés ou plus, la moyenne étant de sept emplois« , expliquent les auteurs. La faute à une certification encore trop coûteuse et complexe à aborder pour de très petites structures.

« Les entreprises individuelles sont très marginalement qualifiées RGE. Une première explication de cette faible représentation serait liée à la nature très diversifiée des multiples petits travaux effectués chez les particuliers par ces entreprises, ne touchant majoritairement pas à la performance énergétique« , précise également le rapport.

De fait, cette tendance explique également une autre critique apportée au dispositif : trop peu d’entreprises se réunissent en groupement ou en coopérative pour bénéficier du RGE « Offre globale ». Pourtant, la réalisation de bouquet de travaux était l’un des objectifs affichés lors de la création du label. La CGEDD dénombre seulement 207 entreprises disposant du label « Offre globale », quand dans le même temps, elle déplore que « très peu d’artisans se sont organisées ensemble, de manière formelle ou informelle, pour répondre de manière groupée au client en proposant un bouquet de travaux« .

Formation et contrôles post-certification insuffisants

Alors que le RGE était censé encourager les professionnels à se saisir des problématiques de l’amélioration des performances énergétiques, les auteurs émettent des doutes sur la montée en compétences des artisans. Si « ces formations ont permis une sensibilisation des artisans à l’approche thermique globale du bâtiment et à l’intérêt de mieux travailler ensemble« , « elles n’ont pas par ailleurs aucunement permis une montée en compétence sur la qualité d’exécution des travaux« .

D’autre part, ils émettent des doutes sur le manque de contrôle a posteriori, malgré l’existence d’un audit durant la durée de labellisation de quatre ans. « La plupart des acteurs professionnels interrogés, ainsi que l’UFC-Que Choisir considèrent aujourd’hui que ce dispositif de contrôle est notablement insuffisant pour s’assurer de la bonne exécution des travaux« , avance le rapport.

Les entreprises plaident d’ailleurs pour un contrôle accru de la réalisation des travaux et sur la performance énergétique réelle des travaux. Enfin, le CGEDD pointe le manque de lisibilité des trop nombreuses qualifications existantes, que les auteurs qualifient « d’inintelligibles« .

Deux ans après son instauration réglementaire, le RGE doit se transformer pour mieux séduire les artisans et les ménages.

Le CGEDD fait ses préconisations

Pour tenter de redorer le blason du label RGE, le CGEDD prône six mesures « de progrès » :
– Fusion des labels et uniformisation de la nomenclature ainsi que des contrôles ;
– Encourager les TPE à se saisir de la qualification pour monter en compétence ;
– Renforcer le rôle des régions dans les formations et la place des outils numériques dans le processus de formation ;
– Augmenter les contrôles sur des chantiers en cours de réalisation et développer la constitution de preuves (photos ou vidéos) de bonne exécution ;
– Améliorer la lisibilité et la cohérence de l’offre de qualifications aux ménages ;
– Améliorer les données statistiques en lien avec les organisations professionnelles et institutionnelles dans l’établissement d’une politique publique ;

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