Artisans et syndic : une relation à établir sur de bonnes bases
Source de business ou source de conflits ? Travailler avec un syndic peut se révéler parfois délicat. Pourtant, avec un minimum de dialogue et une connaissance des règles de la copropriété, les collaborations gagnent à devenir plus harmonieuses et plus fructueuses pour les artisans.

Changer un interrupteur, réparer une chaudière, installer des radiateurs, réaliser un ravalement de façade… Entre petits travaux et missions d’envergure, la vie d’une copropriété est ponctuée d’interventions de professionnels du bâtiment. Pour ces derniers, travailler en collaboration avec une copropriété, et donc un syndic, permet d’avoir une autre flèche à leur arc. En variant leur clientèle, ils multiplient les pistes de business. Malheureusement, ces collaborations se soldent souvent par des crispations. Mésentente, factures impayées, lourdeur administrative : les griefs sont nombreux et, souvent, répétitifs. Pourtant, le travail entre artisans et professionnels de l’immobilier est régi par un cadre législatif précis.

« Contrairement à un marché classique, auprès de particuliers par exemple, le marché de la copropriété est soumis à des particularités juridiques. Intervenir auprès de syndics suppose de se confronter à un monde complexe, qui voit apparaitre un certain nombre d’intervenants. Il faut que les artisans acquièrent une connaissance minimale des règles qui s’appliquent à une copropriété : qu’est-ce que c’est ? Qui sont les différents interlocuteurs ? Qui constitue le conseil syndical ? Qui commande les travaux ?« , énumère Stéphane Chenuet, chef du service Urbanisme et Construction au sein de la Fédération Française du Bâtiment (FFB).

Différents types d’intervention

Pour réaliser des travaux dans une copropriété, il ne suffit pas de fournir un simple devis. Déjà, il s’agit de définir le type d’intervention pour laquelle le professionnel est sollicité. « En tant que syndic, nous faisons appel aux artisans soit dans le cadre de missions ponctuelles, pour un dépannage ou si un incident survient, soit dans le cadre de contrats de maintenance. Il s’agit alors de missions récurrentes, avec une mise à la concurrence régulière« , confirme Eric Barbarit, directeur Métier Syndic chez Nexity.

Le choix des entreprises fait l’objet de tout un formalisme. En effet, d’après la loi du 10 juillet 1965, « l’assemblée générale arrête un montant des marchés et des contrats à partir duquel la consultation du conseil syndical est rendue obligatoire (…) et une mise en concurrence est rendue obligatoire. » L’article 19-2 du décret du 17 mars 1967 prévoit quant à lui que «  la mise en concurrence pour les marchés de travaux (…) résulte de la demande de plusieurs devis ou de l’établissement d’un devis descriptif soumis à l’évaluation de plusieurs entreprises « .

Autrement dit, pour qu’il y ait mise en concurrence, le syndic doit être en mesure de fournir deux devis d’entreprises différentes. Réunis en assemblée générale, les copropriétaires votent pour le projet le plus intéressant.  » En tant que syndic, nous ne sommes que mandataires, souligne Eric Barbarit. Lors d’une mise en concurrence, nous sollicitons différentes entreprises, qui se rendront alors dans la copropriété pour réaliser leur devis. Un rythme d’intervention est également défini. Sur la base de ces échanges, nous présentons les professionnels lors de l’AG de la copropriété, à qui revient le choix final.  »

A savoir, certains projets, comme les travaux de rénovation énergétique, ne peuvent être réalisés que par des entreprises ayant obtenu la mention RGE (Reconnu Garant de l’Environnement). Autrement, la copropriété ne pourra pas bénéficier de subventions ou de crédit d’impôts. Son syndic sera donc particulièrement vigilant dans le choix d’artisans labellisés.

Rapidité d’intervention et professionnalisme pour faire la différence

En ce qui concerne les travaux dits « ponctuels », le syndic est libre de choisir lui-même son prestataire. Il a alors souvent recours à son propre réseau d’artisans, constitué au fil des années.  » La relation avec nos artisans partenaires se base à la fois sur la proximité et sur l’histoire : nous sommes habitués à travailler avec un certain nombre de professionnels. C’est dans ce ‘vivier’ que nous puisons si nous avons besoin d’un dépannage. Ce qui fera la différence sera alors la réactivité et la capacité à intervenir rapidement « , commente Eric Barbarit (Nexity). Pour autant, comme pour les contrats de maintenance, un suivi attentif sera effectué dans la copropriété après les travaux. Fournir une prestation de qualité est l’assurance d’une relation fidélisée entre syndic et artisans, et le meilleur moyen de limiter les conflits au moment de la facturation….

 » Pour travailler dans une copropriété, il faut être vigilant à toutes les étapes de la collaboration, conseille Stéphane Chenuet (FFB). Beaucoup de facteurs font que ça peut devenir compliqué pour un entrepreneur d’être payé. C’est pourquoi il est primordial d’avoir, auprès des syndics, des réflexes habituels à ceux qu’ils peuvent avoir avec un particulier.  » L’expert rappelle la nécessité d’avoir un contrat écrit de la part du client (qu’il s’agisse du syndic ou de la copropriété), de prévoir des délais de paiement mais de définir aussi des sanctions si ces délais ne sont pas respectés.

Dans le cadre de travaux importants, il ne faut pas hésiter non plus à se renseigner sur la solvabilité de la copropriété. Il est aussi recommandé de négocier le versement d’une avance et de prévoir une clause en ce sens dans le contrat pour faire face aux dépenses d’approvisionnement.  » Il peut être intéressant également de se procurer le procès-verbal de la dernière AG lorsque des travaux sont votés. Le professionnel s’assure ainsi que l’échéancier des appels de fonds en sa possession correspond bien à celui transmis aux copropriétaires « , ajoute Stéphane Chenuet.

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