[Dossier] Artisans : comment financer votre croissance
Votre petite entreprise marche bien. Les carnets de commandes sont bien remplis et vous voyez l'avenir d'un bon oeil. Bref, la croissance s'annonce et vous êtes décidé à développer votre activité. Pour cela, il vous faut faire quelques investissements.

La croissance, c’est une bonne chose. Mais pour voir plus loin et plus grand, il vous faudra certainement acheter du matériel supplémentaire, ou un véhicule, ou construire ou agrandir un local, etc. Autant de besoins de financement qui s’annoncent.

Sachez qu’il existe une myriade de possibilités de financement, depuis le crédit bancaire classique aux solutions alternatives ou complémentaires. Entre les fonds propres, les crédits à court ou à long terme, les aides publiques ou non, ou encore la tontine, différents dispositifs peuvent répondre à vos attentes.

Attention cependant à bien ficeler votre dossier et vérifier que votre situation est compatible avec les critères d’octroi.

La première formule à laquelle on pense, ce sont les fonds propres. « Seulement 7% de nos adhérents financent leur croissance par des financements externes. L’accès aux aides est soumis à des contraintes importantes. Cela demande beaucoup de temps en paperasserie pour remplir les dossiers et ils ont plutôt tendance à se financer par eux-mêmes« , constate Franck Ollieric, directeur CAPEB, la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment, des Alpes-de-Haute-Provence (04) et des Hautes-Alpes (05).

Financer le renouvellement du matériel vieillissant

Votre échafaudage ou autre équipement est vieillissant et non réglementaire, sachez que la CARSAT (caisse d’assurance retraite et desanté au travail) propose des aides financières simplifiées (AFS) sous forme de subventions.

Elle intervient au taux maximum de 40% du montant HT de l’équipement dans la limite d’un montant total compris entre 1 000€ et 25 000€par entreprise. L’OPPBTP peut vous proposer un prêt allant de 3 000€ à 30000€ HT à un taux bonifié de 1% sur une durée de remboursement de 12 à 36 mois,sous réserve de l’acceptation financière par BTP Banque.

La polyvalence du crédit bancaire

Ce qui ne justifie pas de ne pas se pencher sur d’autres formules. Comme le crédit bancaire qui, du fait de sa polyvalence, est certainement le mode de financement le plus utilisé.

Spécialisée dans le secteur de la construction, il y’a BTP Banque, dont les clients sont des artisans ou des entreprises du BTP. La banque propose des crédits bancaires, bien sûr, mais pas seulement.

« A ma connaissance, il n’y a pas d’offre bancaire spécifique à la croissance des artisans. Leur croissance entraîne forcément des besoins de trésoreries plus importants. Nous les accompagnons via des prêts pour du matériel, un achat de véhicule. Nous finançons leur exploitation, leurs besoins de trésorerie, leurs cautions. Notre spécificité est la cession de créance Dailly qui est adaptée aux entreprises du BTP. Lorsqu’il récupère un marché, notre Dailly permet d’avancer le règlement de toutes les situations de travaux. Et donc de ne pas avoir à attendre le règlement à 45 ou 60 jours du maître d’ouvrage« , explique Gauthier Poppe, directeur général BTP Banque France.

Pour qu’un adhérent soit client de BTP Banque, il faut qu’il soit adhérent de la FFB ou sociétaire de l’assurance Smabtp.

Ne négligez pas pour autant les banques dites « classiques » pour vous comparer et négocier les taux, les conditions, etc. et ne perdez pas de vue que les banques ont leurs orientations propres, leurs choix stratégiques et, donc, qu’elles ne financent pas forcément les mêmes types de projets.

Bpifrance et la SIAGI, de potentiels partenaires à ne pas négliger

Parmi les solutions de crédit, bpifrance propose le prêt croissance TPE, un prêt participatif d’un montant compris entre 10000 € et 50000 € dans la limite des fonds propres et quasi-fonds propres de l’entreprise.

Il est destiné à soutenir les besoins en matière de recrutement, de trésorerie augmentation du besoin en fonds de roulement (BFR) et d’investissements (immatériels et matériels).

Attention cependant, il n’est pas disponible dans toutes les régions. Pour en bénéficier, il faut avoir créé depuis au moins trois ans et compter entre 3 et 49 salariés.À ce jour, il est mis en oeuvre en Auvergne Rhône-Alpes, en Bretagne, en Guadeloupe, dans le Grand Est, les Hauts-de-France, en Île-de-France, en Centre-Val de Loire, Normandie.

Avec sa garantie développement des PME et TPE, bpifrance facilite le financement des opérations d’investissement. Elle permet de couvrir entre 40 et 70% du crédit accordé par la banque. À condition de réaliser un chiffre d’affaires de moins de 50m €.

La SIAGI est une filiale de la Chambre des métiers et de l’artisanat (CMA) France. Elle permet aux entreprises de proximité (artisans, commerçants, etc.) d’accéder plus facilement aux crédits grâce à ses nombreux partenaires.

Son intervention offre une diminution, voire une suppression totale des garanties personnelles que doivent fournir les porteurs de projets.

Parmi les dispositifs intéressants figure la co-garantie bpifrance-SIAGI qui intervient pour couvrir des crédits destinés à financer, entre autres, les investissements de développement pouvant atteindre les 400000 €.

Le risque co-garanti étant de 50% (70% pour les entreprises individuelles à risque limité – EIRL). Pour en bénéficier, il faut réaliser un chiffre d’affaires de moins de 10m € et avoir moins de 50 salariés.

La garantie Rebond de la SIAGI intervient pour des garanties de crédit a posteriori, c’est-à-dire lorsqu’une entreprise (dont les artisans) demande une ligne de crédit supplémentaire (concours à court terme, engagement par signature, etc.) alors que sa banque considère qu’elle a atteint les limites d’engagement fixées.

La garantie Rebond permet alors de proposer à la banque une garantie sur un crédit d’investissement en phase d’amortissement afin de dégager une marge d’engagements. Elle couvre de 20% à 50% du montant du crédit qui doit être compris entre 15000 € et un million d’euros et est accessible après trois années de création et un chiffre d’affaires de mois de 10m €.

« Il faut faire attention aux coûts induits »

« Ce qui fait qu’une entreprise artisanale se développe, c’est le qualitatif, explique Jean-Luc Armingol, expert-comptable à Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône). Il faut faire une prestation de qualité avec des matériels et des recrutements de qualité. » C’est d’ailleurs un des premiers points que regarde le banquier : la récurrence du chiffre d’affaires. Que ce soit pour le financement du matériel comme du BFR.

Si les artisans ont une idée bien précise de leur besoin en matériel (produit, prix), en revanche, la plupart n’ont que peu de maîtrise du BFR. « Du coup, ils ont tendance à pratiquer la politique de l’autruche, d’où l’importance d’en discuter avec l’expert-comptable, insiste Jean-Luc Armingol. Nous ne sommes pas des magiciens, mais le dirigeant est souvent un passionné qui porte déjà l’activité et le commercial. Ce que je conseille le plus souvent, c’est d’anticiper. Notamment lors des discussions avec le banquier. »

En effet, Il faut faire attention aux coûts induits, aux garanties demandées, ce qu’il se passera si l’artisan n’arrive pas à rembourser son crédit, etc. « Actuellement, les meilleures formules sont le crédit bail, que l’artisan privilégie au financement traditionnel bancaire, et la location longue durée (LLD) car le matériel évolue très rapidement et, au terme des quatre années de location, c’est bien de repartir avec du matériel neuf et aux dernières normes« , conseille l’expert-comptable.

REPÈRES

Raison sociale : Cabinet d’expertise comptable Jean-Luc Armingol

Activité : Expertise comptable

Siège social : Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône)

Date de création :1996

Dirigeant : Jean-Luc Armingol, 52 ans

Effectif : 35 personnes

CA 2018 : NC

Lire aussi en page 2 : Des prêts à taux zéro – Pensez aussi « financement participatif »

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