[Étude de cas] L’artisan Eric Maillard innove en s’équipant d’un robot
L'entreprise bretonne de taille de pierre Maillard & Maillard a fait de l'innovation un axe essentiel de son développement en s'équipant d'un robot pour optimiser ses réalisations. Focus sur une initiative en avance sur son temps.

Oui, il est possible de faire rimer artisan avec innovant. Voilà, du moins, la conviction d’Éric Maillard, codirigeant de Maillard & Maillard, une entreprise bretonne de taille de pierre. Pour booster sa compétitivité, cette dernière s’est dotée, en mars 2015, d’un robot de numérisation 3D pour optimiser ses créations. Celui-ci lui permet de reproduire des pièces après les avoir numérisées en trois dimensions grâce à un scanner adapté.

 » La robotisation fait partie d’une stratégie globale qui va permettre de pérenniser l’entreprise. Nous sommes partis du constat qu’en France, nous avons des problèmes de compétitivité. À nous de créer et de développer de nouveaux marchés grâce à la technologie « , confie le patron, déjà porté sur l’innovation puisqu’il avait acquis, il y a plus de dix ans, un centre d’usinage à commande numérique.

Loïc et Eric Maillard

Cette fois, son investissement s’élève à 500 000 euros pour l’acquisition de la machine et du bâtiment qui l’abrite. Une somme financée par un prêt bancaire, une aide de la région de 82 000 euros et des fonds propres.

Rassurer les salariés

Pensé comme un levier de développement essentiel, ce robot sert à reproduire à l’identique des pièces abîmées avec, notamment, une précision millimétrée. Répondant ainsi aux besoins de plusieurs types de professionnels : spécialistes de l’agencement, des monuments historiques, décorateurs, architectes ou encore designers.

Autre avantage, il réduit la pénibilité au travail.  » Il effectue 40 à 60 % de la pièce. Le tailleur de pierre n’a plus à le faire lui-même « , affirme Éric Maillard.

Un choix d’équipement qui n’est pas allé sans inquiéter les salariés, qu’il a fallu rassurer. D’autant que la machine entraîne une évolution des postes, impliquant du changement au quotidien. ­Libérés d’une partie de la réalisation des pièces, les tailleurs de pierre montent en compétence.  » Ils deviennent des sculpteurs « , assure le dirigeant.

Par ailleurs, une ­personne est formée à l’usage de la machine. Une autre est recrutée pour le remplacer. De quoi tordre le cou à l’idée que le robot est une menace pour l’emploi.  » L’homme garde la maîtrise de la création. Il donne l’âme à la pièce, explique le dirigeant. Dans 50 ans, je ne sais pas. En tout cas, jamais je n’aurais imaginé à mes débuts que ça se passe ainsi… « 

Côté communication, les dirigeants ne manquent pas de mettre en avant leur robot, notamment sur les salons.  » Cela permet de montrer le dynamisme de l’entreprise et de rajeunir l’image du métier de la marbrerie décoration « , indique Éric Maillard.

Au bout d’un an, si les objectifs de vente à court terme n’ont pas encore été atteints, l’entreprise croit en un avenir prometteur. Elle compte se développer à l’export (Qatar, Royaume-Uni, États-Unis) en 2016 et 2017, et envisage l’acquisition d’un deuxième robot dans deux ans.

Repères

Raison sociale : SARL Maillard & Maillard
Activité : taille de pierre, agencement de mobilier, restauration patrimoniale
Ville : Saint-Pierre-de-Plesguen (Ille-et-Vilaine)
Année de reprise : 1996
Dirigeants : Loïc Maillard, 49 ans et Éric Maillard, 52 ans
Effectif : 20 personnes
CA 2015 : 2,5 M€
Site Web : Maillard-maillard

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