Ébénisterie et art cinétique : voici le bois… gonflable !
Ils ont créé ou travaillent l'Air Wood, le bois larmé ou même le " Woowood " : les ébénistes de l'Arca, Atelier de recherche et de création en ameublement, vivent le bois comme un matériau futuriste. Une innovation continue, condition de survie pour une TPE.

Les expressions sont bien celles d’un atelier ordinaire : ici on colle, on étale, on centre, on découpe, on ponce. Mais bien qu’il soit passé par la prestigieuse école Boulle, Steven Leprizé est bien loin de se limiter à un métier d’ébéniste tel qu’on le pratiquait à l’époque d’André-Charles Boulle, artiste du règne de Louis XIV. « ?Au départ, l’idée du bois gonflable est purement esthétique. Faute de débouchés concrets, on a même failli abandonner !? » Mais le principe est si novateur, et si plein de possibilités nouvelles que l’ARCA y est bien vite revenu.

Imaginez une fine plaque de bois ciselé, collée sur une pellicule de caoutchouc, grâce à des colles innovantes qui ont demandé des mois de mise au point. Avec un système de pompe qui vient gonfler et dégonfler le caoutchouc, et grâce aux délicates incisions pratiquées dans la plaque de bois, le bois prend soudain un volume et se gonfle comme un ballon à la forme prévue d’avance.

Et voici que le bois se transforme en un logo qui apparaît ou disparaît au mur de la boutique d’une grande marque d’automobiles, voici le numéro de la chambre de votre hôtel qui surgit de l’épaisseur de la porte lorsque vous en approchez, ou bien voici encore… une salle de concert dont les boiseries peuvent être modulées à volonté en fonction de l’acoustique recherchée !

L’innovation, l’innovation et encore l’innovation

C’est grâce à des inventions aussi surprenantes que l’entreprise a su attirer les médias – et les récompenses, comme le prix Liliane-Bettencourt pour l’intelligence de la main, en 2017. Indispensable pour une PME qui avait besoin de se faire connaître, et qui désormais ne manque pas de commandes.

Mais l’innovation permet aussi de décrocher des commandes en devenant ultra compétitif : « par exemple, un grand hôtel des Antilles voulait une sculpture, immense noeud en bois de plus de dix mètres d’envergure, suspendu au plafond. Normalement cela coûte deux à trois cent mille euros. Grâce à une autre de nos inventions, un sandwich bois-plastique-bois qu’on déforme simplement à la main pendant qu’on le soumet à la chaleur, nous avons pu le faire pour dix fois moins cher ! »

Steven Leprizé, dirigeant d’Arca

Et ce sans moule, qui d’habitude fait exploser le prix, et qu’on jette à la fin… Un moule que Steven Leprizé a tout bêtement remplacé par un système de ficelles qui soutiennent la plaque de bois pendant qu’on la travaille !

Clients : l’industrie du luxe. Mais on ne saura pas qui : les très grandes marques pour lesquelles l’Arca travaille demandent une discrétion absolue à leurs fournisseurs. « Pour ne pas se les faire piquer ! » Ce qui prouve que le but est atteint : faire de l’entreprise, grâce à ses inventions sans cesse perfectionnées, un sous-traitant recherché car lui seul sait fabriquer ce que l’on veut, et à un prix défiant toute concurrence.

Des créations qui visent aussi le marché des riches particuliers : entrez chez vous, glissez un doigt dans le tableau abstrait en marqueterie qui trône à côté de la porte, et il s’ouvre comme la poche d’un pantalon pour que vous y posiez vos clefs. Lâchez-le : il se referme sur votre trousseau… et devient ainsi une sculpture en relief.

REPÈRES

Raison sociale : atelier de recherche et de création en ameublement

Activité : ébénisterie

Ville : Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne)

Année de création : 2009

Dirigeant : Steven Leprizé, 32 ans

Effectif : 7 personnes

CA 2018 : 500 k€

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