Gauthier Gondel, gérant de Lofthouse : « Notre maison modulaire s’adapte à tous les besoins »
Gauthier Gondel, issu d'une famille de menuisiers-ébénistes, a développé le concept de sa maison modulaire dans le plus grand secret avant de le lancer. Après 12 projets livrés en 2018, son carnet de commandes a explosé en 2019.

Quel est votre métier d’origine ?

Gauthier Gondel : Mes parents sont fabricants de meubles depuis 1964. Mon père, menuisier-ébéniste, a créé Fabrimeuble, une usine qui conçoit et fabrique des cuisines, salle de bains et dressing pour les particuliers et les professionnels. En tant que responsable de production, je m’occupe depuis 1994 de la vente aux professionnels, tandis que mon frère est chargé de la vente aux particuliers.

Nos clients voulaient absolument acheter chez nous des produits pour leur activité professionnelle. Alors, en 2008, j’ai créé Agencia, spécialisé dans l’aménagement professionnel, qui compte un designer, trois architectes d’intérieur et un architecte. Petit à petit, nous sommes montés en gamme, pour répondre à des clients exigeants comme Taittinger, Hermès ou l’aéroport d’Orly. Au total, la PME familiale compte 70 salariés avec des fonctions très diversifiées.

Comment a démarré l’histoire de Lofthouse ?

Passionné d’architecture, j’ai toujours été attiré par les maisons contemporaines, minimalistes et de plain-pied. J’ai alors eu l’idée de fabriquer en usine des maisons « légères », étudiées pour être transportables. Lofthouse était né ! Un concept de maisons modulaires, de tailles différentes, que l’on peut assembler sur un terrain. Après 4 ou 5 ans de développement technique dans l’ombre, j’ai décidé de lancer la production et la commercialisation de ces modules en 2018.

Quels ont été vos premiers résultats ?

Nous avons livré la première année douze modules de 14 à 50 mètres carrés, pour des projets de nature différente, allant du restaurant de plage au cabinet professionnel, en passant par la villa pour particuliers. Pour 2019, nous avons enregistré 60 commandes entre janvier et mars, pour 1,5?million d’euros de vente : hôtellerie de plein air, villages vacances senior, cabanes de luxe, prison, médiathèques et trois maisons contemporaines de 120 à 200 mètres carrés.

Ces projets sont tous en cours d’étude ou de devis. Nous avons estimé que, d’ici deux ans, c’est Lofthouse qui allait faire le plus de chiffre d’affaires dans le groupe.

Comment avez-vous organisé la production ?

Les trois sociétés, Fabrimeuble, Agencia et Lofthouse, sont sur le même site à Balan, à côté de Sedan, dans les Ardennes. C’est un site de 3,5 hectares composé d’un bâtiment de 8 000 mètres carrés et d’un parking de 600 places sur lequel on fabrique les maisons.

D’ici la fin de l’année, nous avons le projet de construire un bâtiment de 60 mètres de long qui abritera deux lignes de production, avec un pont roulant, pour une fabrication étape par étape, comme dans l’industrie automobile. Les maisons avanceront au fur et à mesure de leur réalisation.

Quel est votre procédé constructif ?

Nous avons fait développer nos systèmes constructifs localement. La maison est construite en ossature bois, légère, isolante et résistante, sur une charpente métallique, ce qui permet d’affiner les lignes. La sur-toiture en bois est montée à plat en usine et posée sur la maison avec une grue. La maison pesant environ 20 000 tonnes, contre 80 000 tonnes pour une maison en dur, il n’est pas nécessaire de couler des fondations.

La maison est posée sur 8 à 10 technos-pieux, de grandes vis enfoncées dans le sol à l’aide d’une machine. Nous offrons trois options d’isolation à nos clients : RT 2012, BBC ou maison passive. Pour apporter le confort, la maison dispose d’un chauffe-eau solaire et de batteries Tesla pour le stockage de l’énergie. Nous proposons aussi la récupération d’eau de pluie, ce qui permet à la maison d’être auto-suffisante.

D’où proviennent les matériaux que vous utilisez ?

Lofthouse est un projet 100?% ardennais. Notre fournisseur le plus éloigné est à 16 kilomètres de l’usine. Le bilan carbone de nos constructions est excellent, car nos fournisseurs sont à côté et nous livrons en une fois la maison montée, équipée et décorée, ce qui évite les nombreuses allées et venues sur le chantier. Pas de gaspillage, pas de frais de route ou d’hôtels…

En une semaine, nous pouvons livrer et monter un village vacances de 20 maisons, prêtes à vivre, jusqu’au bol pour le petit-déjeuner !

Quelle est la philosophie de Lofthouse ?

Le budget le plus important des particuliers est dans leur logement. Grâce aux maisons modulaires Lofthouse, l’argent qu’ils investissent se retrouve uniquement dans les produits que nous leur livrons.

Ainsi, avec le même budget, ils améliorent leur qualité de vie. Ils peuvent aussi déménager leur maison où cela leur chante, la revendre d’occasion ou la transporter sur un camion pour s’installer ailleurs.

Comment allez-vous monter en puissance en termes de personnel ?

Dans les Ardennes, nous comptons de nombreuses familles d’opérateurs très consciencieux et qui aiment leur métier. Fabrimeubles et Agencia sont déjà fournisseurs de Lofthouse et ne sont pas au maximum de leur capacité. Il suffira juste d’embaucher une deuxième équipe de fabrication chez Fabrimeuble pour utiliser pleinement les capacités de production.

Nous avons prévu de recruter une vingtaine de personnes qualifiées cette année, à l’atelier comme au bureau d’études. Nous avons besoin de menuisier-ébénistes, de charpentier, de plombiers, d’électriciens… comme sur un chantier de construction tous corps d’état.

Qu’est-ce qui plaît dans le concept Lofthouse ?

L’immobilier sans engagement plaît bien à la nouvelle génération. Les clients aiment les concepts malins et ils apprécient son côté modulaire. Si la famille s’agrandit, il suffit d’ajouter un module de 20?m2 à la naissance d’un enfant, plus besoin de déménager !

Pour construire, il n’est pas nécessaire de posséder un terrain, on peut le louer, ce qui évite un passage chez le notaire et diminue d’autant le coût du projet. En revanche, à partir de 50?m2, il faut obligatoirement demander un permis de construire à la mairie de la commune.

Repères

Raison sociale : Lofthouse

Date de création : 2018

Ville : Balan (Ain)

Effectif : 1 (le gérant)

Recrutement sur fin 2019 et 2020 sont de 20 à 30 personnes pour répondre aux commandes en cours

CA prévisionnel 2019 : 1,5 M€

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